Silentblocs moteur : Quand les faire changer ?
Inconnus de la majorité des automobilistes, négligés des réparateurs, oubliés lors du -contrôle technique, les silentblocs jouent pourtant un rôle essentiel. Un embrayage qui “broute”, des à-coups à l’accélération, un volant qui vibre ou cogne malgré un bon réglage du train avant, ce sont eux. Un levier de vitesse qui bouge, un rapport qui saute en roulant : encore eux!
Ces tampons de caoutchouc peuvent être la cause de multiples désordres affectant le confort de -conduite et le bon fonctionnement d’ensembles mécaniques essentiels. Et pourtant, on dépiste rarement leur responsabilité : normal, leur raison d’être est la discrétion.
Les silentblocs : leur rôle : confort, sécurité, fiabilité
Les silentblocs moteur (encore appelés supports moteur) sont présents dans nos automobiles depuis cinquante ans. Au départ simples “sandwichs” de caoutchouc (élastomère) entre deux plaques de métal reliant le moteur et le châssis, ils ont évolué avec la technologie automobile, intégrant soit de l’hydraulique (huile et clapets, comme dans un amortisseur) et modifiant leur élasticité en fonction des contraintes, soit un pilotage électronique en liaison avec le régime moteur. Leur rôle est déterminant dans les progrès du confort des autos modernes – notamment les diesels, qui vibrent particulièrement, y compris les plus récents – et ils jouent même un rôle dans la sécurité. En effet, -l’EuroNCAP définit pour ses crash-tests des points de rupture précis des silentblocs en fonction de la violence de l’accident, empêchant le moteur d’entrer dans l’habitacle tout en absorbant le choc.
Troisième rôle, la fiabilité. D’une part, ils filtrent très efficacement les vibrations qui peuvent être néfastes aux composants mécaniques ou électroniques de l’habitacle. D’autre part, ils garantissent aux organes et aux éléments périphériques “accrochés” au bloc moteur un fonctionnement et une durée de vie maximum : boîte de vitesses, cardans ou arbres, courroies d’alternateur et climatisation, collecteur d’échappement et crémaillère de direction -assistée.
Le silentbloc : un élément prévu pour dépasser 100000 km
La majorité des véhicules neufs intègrent aujourd’hui des silentblocs hydrauliques, ce qui offre l’avantage de filtrer “à la fois les hautes et les basses fréquences”, précise-t-on chez un des principaux fabricants mondiaux de silentblocs pour les constructeurs. Les hautes fréquences correspondent aux vibrations au régime de ralenti, là où le moteur vibre le plus, les basses fréquences traduisent les grandes oscillations du moteur en circulation, à l’accélération et à la décélération. Près de 70 % des 28 millions d’autos en circulation sont équipées de ces silentblocs hydrauliques.
Quelle que soit leur technologie, les silentblocs sont prévus pour durer au-delà de 100 000 kilomètres. Mais en usage urbain, les à-coups répétés et l’échauffement du compartiment moteur les “attendrissent” bien plus tôt. Sans compter les véhicules ayant subi un choc à l’avant : ces composants sont rarement changés par les carrossiers, alors qu’ils peuvent être fortement dégradés.
Si l’on n’identifie pas suffisamment tôt les symptômes d’une dégradation des silentblocs (voir encadré ci-dessus), on aboutit immanquablement aux conséquences suivantes : soufflets de cardans qui se déchirent et fuient avec, à court terme, des cardans détruits; arbre de boîte de vitesses non aligné qui casse; ligne d’échappement qui vibre, puis casse; durits diverses qui fuient avec risques pour le moteur… La liste est longue et l’addition peut être salée.
Remplacer les silentblocs moteur est un impératif lors d’un échange standard et recommandé à partir de 100000 km ou huit ans, même si l’intervention n’est pas donnée, car l’opération, si elle est effectuée à temps, garantit une vie sans histoire à des organes bien plus coûteux. Le résultat est spectaculaire sur une auto de ce kilométrage, le conducteur retrouve un confort de conduite totalement oublié : vibrations atténuées, silence retrouvé et disparition des à-coups.
En revanche, le changement impose d’exiger la marque présente à l’origine sur le véhicule, car ces pièces ne sont pas fabriquées par les constructeurs mais par des équipementiers comme l’américain Hutchinson, sa filiale française Paulstra, le suédois Trelleborg, les allemands Freudenberg ou Bilstein. Si le réparateur ne discerne pas la marque, il faut lui demander de monter systématiquement une pièce d’origine (qu’il achètera chez un concessionnaire du réseau) et de même référence, car un silentbloc est spécifique à une seule version d’un véhicule en fonction de ses caractéristiques de poids, de puissance, d’inclinaison du moteur.